La Supply Chain en 2025 : à quoi s’attendre ?
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Patrice Floret : « Face à la crise, beaucoup d’entreprises sont passées au e-commerce, ce qui a fait augmenter les flux logistiques de façon significative. Pour traiter ces flux importants, une des solutions est de mettre en place de l’automatisation ou de la robotisation. La pandémie a accéléré les choses, mais cela fait déjà plusieurs années que la France s’engage dans la voie de la robotisation, rattrapant ainsi son retard sur des pays très robotisés comme l’Allemagne. Depuis cinq ou six ans, les grands distributeurs français – tels que Leclerc, Carrefour et Auchan – ont fait un énorme pas en avant. Les centrales régionales d’approvisionnement de Leclerc, par exemple, sont aujourd’hui quasiment toutes automatisées, parfois même de bout en bout, c’est-à-dire de la réception des palettes fournisseurs jusqu’au chargement des camions. »
Patrice Floret : « Oui, je le crois. À cela plusieurs raisons. D’abord, le profil des commandes a drastiquement changé. Le nombre de références à traiter a doublé, parfois même triplé, par rapport à un fonctionnement classique, tandis que les volumes par référence ont tendance à baisser. En parallèle, le cycle de livraison s’est beaucoup accéléré, avec des vendeurs capables de proposer des livraisons extrêmement rapides, le soir même ou le lendemain matin. Enfin, on s’inscrit de plus en plus dans une démarche omnicanale où le client veut pouvoir réserver, acheter ou commander ses produits indifféremment en boutique ou sur Internet. Ces différentes façons de passer commande vont elles aussi accroître les flux et donc nécessiter de l’automatisation. »
Patrice Floret : « Il y a plusieurs degrés de maturité, plusieurs niveaux potentiels d’automatisation.
Le premier niveau, c’est la mise en place d’un WMS, un progiciel qui permettra de rationaliser l’organisation de son entrepôt, de le gérer de manière fine et optimisée en dehors de tout robot.
Ensuite, on peut intégrer de la « mécanisation ». Il peut aussi bien s’agir de de convoyeurs ou de trieurs de colis, que de robots qui font de la transitique (déplacement de palettes ou de colis), ou encore de soutien simple à la préparation de commandes (pick to light) ou à la gestion des retours (put to light).
Enfin, la « robotisation » fait appel à des robots qui disposent d’une forme d’intelligence, d’une autonomie leur permettant de faire face à un certain nombre d’aléas qui peuvent survenir sur l’installation. La forme de robotisation utilisée aujourd’hui de manière la plus intense est le goods to man, dont le principe fondamental est de limiter les déplacements de l’opérateur pour gagner du temps. Un chariot autoguidé lui apporte le stock directement à son poste de travail, le guide dans la préparation de la commande et retourne le stock inutilisé à sa position initiale. On estime qu’en moyenne l’opérateur de préparation de commandes se déplace près de 45 % de son temps de présence. Un goods to man réduit de manière très importante les besoins de déplacement, c’est donc un levier énorme de productivité. »
Patrice Floret : « Absolument ! Toute démarche d’automatisation devrait commencer par la mise en place d’un WMS bien optimisé. À lui seul, le WMS peut booster la productivité de 20 % et pour un coût dix fois moindre qu’une installation goods to man. Après, selon les besoins de l’entreprise, on peut réfléchir à la façon d’introduire de la robotisation, par exemple en mettant en place un système de dépalettisation / palettisation automatisé : le robot vient prélever sur différentes palettes certains colis pour constituer sa propre palette qui va être chargée dans un véhicule.
Il est bon d’avoir toujours un plan clair, une vision de l’endroit où on veut aller, du but que l’on cherche à atteindre. Il est préférable d’avancer par incrément, en déployant des solutions modulaires. Le puzzle doit se construire petit à petit. Ainsi, après avoir installé avec succès ce type de système chez un grand distributeur, la place venait à manquer sur les quais de chargement. Nous avons donc rajouté un magasin automatique pour ranger les palettes. »
Patrice Floret : « Le YMS, encore trop peu utilisé aujourd’hui, permet de gérer la cour des camions ce qui peut être intéressant sur des sites étendus comprenant plusieurs bâtiments.
Le TMS est, quant à lui, un bon complément de la robotisation. Il permet une double optimisation : les robots optimisent la préparation de commandes tandis que le TMS optimise le remplissage des camions. Un TMS permet de faire de grosses économies en matière de coûts de transports, de l’ordre de 10%, voire plus. »
Patrice Floret : « Oui, car une installation robotisée va venir transformer le travail des opérateurs, qui vont se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Et puis, on ne peut envisager une automatisation en vase clos : sa mise en place va impacter vos fournisseurs en amont et vos transporteurs en aval. Comme un robot ne peut traiter efficacement un nombre trop élevé de types de cartons, les fournisseurs devront être en mesure de proposer un nombre plus réduit de conditionnements, de standardiser leurs emballages. Quant à vos transporteurs, ils devront disposer d’une flotte de véhicules capables de traiter correctement vos palettes… Pour réussir son automatisation, il faut donc absolument s’inscrire dans une démarche incluant les parties prenantes. »
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