[Opinion] La russie, l’eldorado sous-exploité des entreprises françaises

Publié le 23 juin 2017

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jean_charles_deconninck
DECONNINCK
Jean-Charles
Président
Catégories
Industrie
Collaboration B2B

Ces temps-ci, la Russie fait l’objet de nombreuses critiques négatives et ce ne sont pas les raisons qui manquent. Toutefois, juger un pays uniquement à partir de certaines actions récentes ou des gros titres ne rend pas justice à ce qu’il en est vraiment de la santé du pays. D’un point de vue économique, il serait avantageux pour la France d’observer la situation dans son ensemble et de voir dans quel(s) domaine(s) nous pourrions créer des partenariats semblables à ceux établis par le passé. 

Les relations franco-russes ont une longue tradition qui les précède. En effet, les deux pays n’ont cessé de représenter une source d’inspiration mutuelle. Au siècle des Lumières, lors de nos révolutions respectives et de nos alliances durant la Seconde Guerre mondiale, nos pays ont toujours témoigné d’un grand respect l’un pour l’autre.

Un potentiel inexploité pour les entreprises françaises

La Russie offre de nombreuses possibilités pour les entreprises étrangères, comme nous l’avons observé avec l’Allemagne qui en tire déjà parti. La France commence à suivre cette voie, comme en témoigne la récente acquisition par Occitane d’une vaste participation dans sa filiale russe. Un autre acteur français influent, Bonduelle, consolide son partenariat de fabrication à long terme avec la Russie et pénètre le marché des produits surgelés, avec l’ambition d’accroître sa capacité de production jusqu’à 10 % dans les deux ans à venir. En dépit des sanctions internationales auxquelles la Russie fait face actuellement, il est essentiel de considérer ce pays comme un Eldorado commercial en voie de développement, notamment dans les secteurs de l’industrie agroalimentaire et de la logistique. 

Exploiter la richesse agricole de la Russie

La situation économique de la Russie est en train de connaître un nouveau tournant pouvant s’avérer bénéfique pour la France. Après la transition politique de 1991 suivie par la crise financière de 1998, la Russie s’est dirigée vers un « retour de l’État » et vers la mise en œuvre d’une politique industrielle. Alors que les sanctions privent le pays de certains biens de consommation, le gouvernement russe a résolument décidé de soutenir le secteur agricole du pays au lieu de se concentrer sur les importations. Ce projet d’amélioration se fera sur la durée et en continu puisque l’exploitation de la richesse agricole du pays n’a jusque-là jamais bénéficié d’une vision à long terme ni des équipements nécessaires. La France, avec sa vaste expérience dans les secteurs de l’agroalimentaire et de la mécanique, tant à l’échelle des multinationales que des PME, peut aider la Russie à concrétiser ses projets. 

Une expertise logistique

La Russie est le plus vaste territoire du continent européen avec une superficie atteignant près de 17 millions de kilomètres carrés, et présente des exigences logistiques uniques. Elle représente une occasion à saisir pour la France qui peut profiter de nombreuses possibilités commerciales. Une récente étude réalisée par l’École des hautes études en sciences sociales révèle que seulement 3 % des entreprises interrogées ont réellement élaboré une stratégie logistique, et la plupart d’entre elles n’étaient même pas russes ! Tandis que les génies français de la logistique comme FM Logistic, Norbert Dentressangle et Geordis ont bénéficié d’un coup de pouce dans le développement de leur expertise, il reste encore beaucoup à faire pour encourager le développement de spécialistes nationaux. Ce manque d’intérêt pour la valeur ajoutée de la logistique est une situation dont les entreprises françaises peuvent clairement tirer parti. 

Une expertise en génie civil

Outre l’aspect logistique, nous devons aussi souligner les difficultés que soulève l’infrastructure problématique de la Russie. Seules les villes principales ont accès à un réseau routier fonctionnel, le reste du pays étant dépourvu d’une infrastructure autoroutière bien structurée et entretenue. La sévérité du climat de la Russie met à rude épreuve l’équipement des bords de route, mais étant donné que deux des plus grandes entreprises mondiales de génie civil sur cinq sont françaises, c’est un défi que l’on peut assurément relever. 

Cela ne fait aucun doute que, si nous y réfléchissions sérieusement, nous pourrions voir l’énorme potentiel qui se dessine pour les entreprises françaises en Russie : un véritable Eldorado qui n’attend que d’être exploré !