Retail: Les effets de la résistance du cash en UE

Publié le 4 avril 2019

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Petit
Philippe
Product Marketing Manager chez Generix Group
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Omnicanal

Concurrencé par d’autres moyens de paiement, le cash continue de séduire dans la zone euro. En France, 68 % des paiements du quotidien sont encore effectués en espèces, comme le démontre l’étude « The use of cash by households in the euro area » (2017). Quel est l’impact de cette résistance du cash pour les enseignes ? Quels sont les défis que doivent actuellement relever les retailers en matière d’encaissement ? État des lieux du paiement cash en Europe dans le retail.

Une persistance du paiement cash en Europe 

Les nouveaux modes de règlement virtuel tels le sans contact, le portefeuille électronique et les applications de paiement mobile n’ont pas encore réussi à le détrôner : l’usage du cash en point de vente persiste sérieusement dans la plupart des pays européens.  

Selon l’étude « The use of cash by households in the euro area », plus de 7 transactions sur 10 débouchent encore aujourd’hui sur un règlement en espèces. Une tendance générale qui cache cependant des spécificités nationales. 


Le Sud et l’Est se distinguent du Nord 

D’après une étude de la Banque centrale européenne (BCE), le cash représente 54 % des sommes dépensées par les ressortissants de la zone euro (contre 39 % pour les cartes bancaires). La prédominance du cash s’observe particulièrement dans 2 zones géographiques où les paiements se font à 80 % en espèces : l’Europe centrale (Allemagne, Autriche et Slovénie) et l’Europe du Sud (Grèce, Chypre, Malte).  

Par opposition, les pays nordiques ayant opéré une transition vers le cashless, comme la Suède et la Norvège, effectuent seulement 34 % de leurs règlements en espèces. 


La France surtout concernée par les petits montants 

En position intermédiaire, la France s’acquitte toujours de 68 % de ses achats du quotidien en pièces et billets. Mais, en volume, ces paiements cash représentent seulement 28 % des montants réglés.  

L’étude de la BCE estime à 7,50 € le montant moyen d’un encaissement réalisé en France. C’est le plus bas de la zone euro, à égalité avec le Portugal. Les Français sont par ailleurs les Européens qui portent le moins d’espèces sur eux avec 32 € en moyenne, contre 65 sur l’ensemble de la zone euro.


Comment expliquer cette prédominance ? 

La résistance du paiement cash en Europe est avant tout comportementale. D’autres motifs comme le manque de choix pourraient également contribuer à cette tendance. 


Côté client 

La résistance du paiement cash en Europe peut d’abord s’expliquer par le vieillissement de la population européenne. Une grande partie des consommateurs actuels sont en retraite, et les seniors aiment globalement avoir du liquide dans leur portefeuille.  

Pour beaucoup, payer en espèces permet de compter plus facilement ce que l’on dépense. Le sentiment de posséder de l’argent est également plus prononcé avec les espèces. Le cash permet enfin aux consommateurs de contourner la contrainte des seuils minimums fixés pour les paiements par carte bancaire classique et de disposer d’une réserve d’argent local lorsqu’ils voyagent. 


Côté enseignes 

Certains commerçants refusant désormais les chèques à cause des fraudes importantes, les paiements en espèces et carte bancaire sont les plus courants en point de vente. La persistance du paiement cash en Europe se justifie en partie par le souhait des retailers de s’adapter aux habitudes de leur clientèle. Certains modes de paiement soumis à commission favorisent également la persistance des espèces dans les points de vente physiques. 


Un manque de choix ? 

D’après la BCE, ⅔ des paiements effectués en point de vente sont d’un montant inférieur à 15 €. Seuil en dessous duquel les retailers refusent parfois les règlements par carte bancaire. Sans compter que deux achats sur trois sont réalisés dans des petits commerces, qui ne sont parfois pas équipés de terminaux de paiement. Pour que l’usage du cash diminue, il faut d’abord améliorer les infrastructures de paiement


Paiement cash en Europe : l’impact sur les enseignes 

Le paiement en espèces dans les points de vente représente une charge indéniable pour les enseignes, tant sur le plan humain qu’en matière d’organisation et d’équipements. 


Un nécessaire contrôle humain 

Pour gérer les règlements, les enseignes doivent être équipées de systèmes d’encaissement tenus par du personnel de caisse, sur lequel repose principalement (sauf si cash management) la responsabilité des fonds. Il faut également prévoir un comptage des fonds en back-office avec versement au coffre en journée et remise en banque régulière. 

Qui dit gestion d’argent par le personnel dit aussi vérification et surveillance par comptage des ouvertures de tiroirs, caméra… d’où l’apparition d’outils de cash management


Complexité et coûts pour l’enseigne 

L’encaissement d’espèces nécessite pour les enseignes :  

  • Une organisation adaptée au traitement du cash : constitution et maintien d’un fond de caisse afin de pouvoir rendre la monnaie.  
  • L’acquisition et la maintenance de systèmes d’encaissement complexes. on trouve encore parfois des installations de tubes pneumatiques pour les prélèvements  en pièces et billets ou la sécurisation des espèces. Et, lorsque l’enseigne intègre le self check-out, il lui faut investir dans une machine rendant la monnaie, celle-ci étant sécurisée comme un coffre fort. Problème : un coût  élevé. 
  • L’utilisation de programmes et logiciels de comptage… 

Autant de besoins humains, techniques et organisationnels qui alourdissent les coûts de fonctionnement de l’entreprise. Besoins auxquels s’ajoute la sécurisation des opérations, notamment de transfert de l’argent dans et hors des camions de transport de fonds, qui complexifie davantage l’organisation de l’enseigne.  


Vers la fin du paiement cash en Europe ? 

Compte tenu des contraintes du cash pour les enseignes, la diminution – voire la suppression – des paiements en espèces présenterait d’importants avantages pour les retailers :  

  • des besoins limités en matériel (encaissement, surveillance, système de protection contre le vol et les agressions…) ; 
  • des économies liées à la réduction du personnel d’encaissement ou de contrôle ; 
  • la possibilité d’avoir des effectifs entièrement dédiés au conseil client, et donc l’amélioration du temps de conseil.

Cette tendance côté retail s’inscrit dans une mouvance plus large : l’acquisition même de billets devrait devenir de plus en plus complexe avec la suppression de nombreux distributeurs automatiques dans l’Héxagone.