Réduire ses emballages : un enjeu majeur en 2022 - quelles solutions ?

Publié le 4 février 2022

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Entre la loi anti-gaspillage promulguée en 2020 et la crise sanitaire, réduire les déchets et les emballages devient un impératif. Aujourd’hui, les industriels avancent de plus en plus vite sur la question. Décryptage avec Olivier Hugo, spécialiste de l’optimisation des coûts de fonctionnement des PME et ETI, chez Cosma Experts.

Le secteur a noté de fortes tensions sur les approvisionnements, concernant le carton et le papier notamment, impactant la production d'emballages. Sont-elles observables chez vos clients ?

Olivier Hugo : « Tout à fait. Nous sommes aujourd'hui face à des tensions historiques en matière d’approvisionnement
Par conséquent, nous déplorons une hausse du cours des matières de l’ordre de 40 à 80 %, selon les marchés, voire de 100 % sur certains matériaux.
Cependant la matière première en tant que telle ne représente pas 100 % du coût final. Il y a un coût de transformation, de stockage ou encore d'expédition. Dans les cas extrêmes, cette pénurie peut tout de même majorer le coût global de 70 %. Les coûts relatifs aux palettes de bois sont par exemple étroitement liés au prix du bois. Ce prix, ces derniers mois, a flambé, faisant grimper significativement le coût des palettes.
»

 

Quelles sont les raisons de ces tensions ?

Olivier Hugo : « Il y a plusieurs explications. En premier lieu, le marché a été profondément déstabilisé par la crise sanitaire. En particulier sur les flux de transports, qui génèrent des tensions d’approvisionnement dans les usines qui traitent ces matières. 
Sur certains marchés, on note une augmentation de la demande, en particulier sur le marché du carton, et ce même en période de crise sanitaire. Cette forte demande accompagne la reprise, qui suit la chute de 2020. Or, les marchés ne sont pas habitués à passer de -20 % à +30 % : si les acteurs du secteur logistique peuvent s’adapter à de petites variations d’une année sur l’autre, la gestion devient difficile quand elles sont de grande ampleur. Toute la chaîne est alors impactée : les délais s’allongent, la demande impacte les prix, des tensions apparaissent et le prix des emballages flambe. Bois, cartons, plastiques, métaux, tous les matériaux sont concernés.
»

 

L'optimisation des emballages est-elle un levier important d'optimisation des coûts, pour les entreprises que vous conseillez ?

Olivier Hugo : « Le sujet de l’optimisation de l'emballage est la troisième catégorie qui génère le plus de revenus pour nos clients, après l'optimisation des assurances et celle du transport. La gestion de l’emballage est, de manière générale, une problématique récurrente dans le secteur industriel et fait partie des tout premiers postes de dépense. »

 

Quels sont les conseils les plus courants que vous formulez auprès de vos clients quand il s’agit d’optimiser les emballages ?

Olivier Hugo : « Il arrive parfois que nous observions un manque de connaissance technique chez nos clients, en particulier liée à l’usage et aux caractéristiques de leurs matériaux. Vu l’enjeu que représente le marché de l’emballage, certaines matières sont constamment et rapidement améliorées. Les PME n'ont pas forcément d'acheteurs techniques qui peuvent étudier et suivre ces évolutions. C'est là que nous intervenons : nous complétons une expertise et proposons parfois des alternatives aux solutions existantes.

En guise d’illustration, le sujet de l’optimisation de l’épaisseur des emballages est primordial. Le film étirable, par exemple, est couramment utilisé, autour des palettes notamment. Il y a encore une dizaine d’années, l’épaisseur standard de film était de 23 microns. (soit 23 millièmes de centimètres.) Ces cinq dernières années, le marché est passé à environ 17 microns. Pourtant, des solutions permettant de descendre à 9 voire 6 microns d’épaisseur existent, tout en proposant une matière étirable plus technique, avec le même rendu. L’avantage ? Si l’épaisseur est divisée par deux, les déchets sont eux aussi réduits de moitié. 

Un autre exemple est celui du carton. Cette matière se décline en différentes catégories : le kraft vierge ou le recyclé. S’il est intuitif de se tourner vers le carton recyclé plutôt que le carton vierge, ce dernier apporte de nombreux bénéfices pour certaines applications, du fait de ses caractéristiques techniques : dans des atmosphères humides, par exemple, il fait preuve d’une résistance bien plus importante. 

Enfin, un autre levier d’optimisation consiste à identifier un outil industriel mieux adapté à nos clients. En effet, il existe plusieurs centaines de fournisseurs sur le marché : il arrive que les entreprises que nous conseillons ne profitent pas pleinement de cette multitude d’offres. À nous de les aiguiller vers le fournisseur dont les services leur seront le mieux adaptés. »

 

Remarquez-vous une sensibilisation plus forte à la réduction des emballages sur le marché ces dernières années ? 

Olivier Hugo : « Aujourd’hui, ce qui déclenche le plus souvent un chantier d’optimisation des emballages reste la volonté des entreprises de réduire leurs coûts. Depuis environ deux ans cependant, nous notons que les demandes sont aussi motivées par les problématiques RSE. Par exemple, nous conseillons un client qui utilise des enveloppes plastiques pour ses produits et qui souhaiterait se tourner vers le kraft. Il nous a missionnés pour étudier les impacts sur son cycle d’emballage, pour mesurer les coûts du changement et pour avoir l’assurance que passer du plastique au carton n’a pas d’impact négatif sur l’environnement. »

 

Quels outils pour réduire ses emballages ?

Comme le montre Olivier Hugo, la problématique de réduction des emballages est complexe, d'autant plus en période de crise sanitaire. Pour pouvoir engager un tel chantier, estimer son coût et les impacts environnementaux du changement, il est indispensable d'intégrer des outils numériques. Un WMS (progiciel de gestion d’entrepôts) permet d'avoir en amont une réflexion sur les modalités d’emballage pour fluidifier les process et éviter de perdre du temps : il est en mesure de définir les différents formats de cartons à utiliser selon les produits à envoyer, mais aussi le type de protections nécessaires, tout en estimant avec précision les quantités nécessaires. L’offre pourra indiquer l’emballage idéal au cas par cas, émettre le bon de commande ou encore automatiser le réassort en cartons d’emballages.