Abandon du PPF : 5 impacts majeurs sur la réforme fiscale française
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Pour recenser les nouveaux besoins et enjeux du secteur, nous avons réuni un panel d’enseignants parmi les formations les plus réputées en supply chain (en tête du classement Eduniversal). Nous les remercions pour leurs précieuses analyses.
Face à la digitalisation de la supply chain, quels sont les profils les plus recherchés ?
Patrice Floret : « Il y a dix ans, les entreprises recrutaient des experts « techniques », des spécialistes de la gestion d’un entrepôt, du pilotage du transport… Aujourd’hui, avec la digitalisation, elles ont besoin de collaborateurs qui connaissent aussi les systèmes d’information transversaux à la Supply Chain. »
Salomée Ruel : « Oui, à tel point que leur premier réflexe est souvent de chercher le collaborateur « miracle ». Celui qui maîtriserait toutes les solutions informatiques, à même de résoudre leurs difficultés liées à la digitalisation. En effet, dans beaucoup d’entreprises, elle n’en est qu’à ses débuts. Lorsqu’elles se rendent compte que ce mouton à cinq pattes n’existe pas, elles se tournent vers des profils plus conformes au marché : des jeunes bien formés, qui comprennent les enjeux de la supply chain et savent s’appuyer sur les nouvelles technologies pour automatiser et optimiser les process, sans pour autant être des informaticiens. »
Quelles sont les compétences techniques et humaines les plus demandées sur le marché de la supply chain ?
Patrice Floret : « Au niveau master, une connaissance des offres du marché sur lesquelles s’appuyer pour bâtir son SI et un sens aigu de la négociation s’imposent. La digitalisation nécessite également d’avoir une vision transversale de l’activité, du fournisseur au consommateur. Mais la dimension « terrain » reste essentielle. Un cadre chargé de concevoir des entrepôts automatisés doit prendre en compte l’ergonomie des postes de travail et discuter avec l’ensemble des employés. »
Salomée Ruel : « Le secteur demande aussi plus que jamais des compétences humaines : le leadership et la flexibilité sont essentiels. Il faut avoir le sens du travail d’équipe, savoir gérer son stress et faire preuve d’une grande adaptabilité face au changement ; une compétence dont la pandémie a montré toute l’importance. »
La supply chain souffre, paraît-il, d’un déficit de visibilité et d’attractivité auprès des talents : sur quels leviers les entreprises peuvent-elles s’appuyer pour pourvoir leurs besoins en compétences ?
Anicia Jaegler : « Avant que les entreprises ne se rendent comptent de son intérêt stratégique, la fonction « supply chain » a longtemps été délaissée. Renforcer son attractivité nécessite de lui conférer davantage de poids et de visibilité au sein de l’entreprise. En la dotant d’un service dédié, piloté par un supply chain manager. Le fait qu’il siège au Comex est également un signe de son importance stratégique. »
Patrice Floret : « Il faut faire évoluer l’image du secteur en bannissant le terme de « logistique », synonyme de manutention, de tâches pénibles et répétitives. Les formations comme les entreprises doivent faire découvrir la variété des métiers et des missions de la supply chain, et insister aussi sur sa dimension internationale : aujourd’hui, un supply chain manager, qui gère la livraison d’un container de la France à la Chine, doit concevoir un SI capable d’intégrer les spécificités commerciales ou réglementaires des différents pays traversés. C’est passionnant !
Attirer de nouveaux talents, et notamment des femmes, encore minoritaires, appelle la création, au niveau des entreprises, d’un véritable plan de carrière Supply Chain, avec des évolutions dans le management opérationnel ou à l’international. »
De quelle manière les formations se sont-elles alignées sur ces nouveaux besoins dans votre établissement ?
Patrice Floret : « De mon point de vue, beaucoup de formations peinent à intégrer l’approche transversale de la supply chain. Beaucoup d’établissements continuent d’enseigner les achats avec un vernis « supply chain », alors que ce serait plus intéressant de faire l’inverse. En outre, la part d’enseignement consacrée aux systèmes d’information reste trop faible. Pour éviter d’en faire quelque chose d’abstrait et de rebutant, j’opte pour un format « séminaire », au cours duquel les étudiants doivent, par exemple, mettre en œuvre un scénario de réorganisation d’entrepôt grâce à la version allégée d’un logiciel éditeur. »
Anicia Jaegler : « Chez Kedge BS, l’Institut supérieur de la logistique industrielle (Isli) qui regroupe les formations en supply chain est adossé à un comité de perfectionnement composé de professeurs et de directeurs supply chain. Il permet de s’adapter en permanence aux nouveaux besoins des entreprises. Nous avons par exemple formé nos étudiants au bilan carbone® depuis 2012. Dès l’année prochaine, par exemple, nous allons renforcer la dimension data science, ainsi que les questions de e-commerce et de durabilité, notamment à travers la logistique inversée. »
De quels apports de la nouvelle génération les entreprises peuvent-elles bénéficier ?
Patrice Floret : « Les entreprises doivent tirer parti de la mobilité géographique des jeunes, mais aussi de leur capacité à s’emparer des nouvelles technologies. »
Salomée Ruel : « Leur très forte sensibilité aux questions de durabilité et leur besoin de donner un sens à leur travail constituent également un vrai défi pour l’entreprise, aussi bien en matière de RH que de Responsabilité sociale et environnementale. C’est l’occasion de faire évoluer leurs pratiques, au risque sinon de se couper totalement des aspirations de ces nouveaux talents. »
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