Stocks : d’un mal nécessaire à un potentiel de revenus

Publié le 25 novembre 2022

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Chaîne D'approvisionnement
VMI

Par Nicolas Picquerey, directeur de l’activité Conseil et du Marketing Produits de Generix Group

 

Posez la question à tout responsable d’activités marchandes : les stocks représentent une double crainte. S’ils sont sous-dimensionnés, des ventes potentielles s’évaporent, tandis que l’insatisfaction client progresse au même rythme que l’allongement des délais. S’ils sont surabondants, la dépréciation des invendus ou les pertes affectent le compte de résultats, et grèvent le cash flow des entreprises.

Cet effet ciseau, constaté dans des secteurs aussi variés que l’e-commerce, la distribution ou encore l’industrie – principalement des biens de grande consommation (FMCG/PGC), recèle pourtant des opportunités. En effet, en ayant une vision globale, multi-acteurs sur la totalité de la supply chain, croisée avec des sources d’information multiples (sur les historiques et les prévisions de vente, les conditions d’achat, les tendances sociales et météorologiques, les cours des matières etc…), une entreprise avisée pourra ajuster ses stocks et optimiser leur localisation et maximiser ses ventes comme le niveau de stock lorsque la demande se concrétisera. 

Ancien…

Certes, les modèles de gestion de stock comme d’approvisionnement au travers de la GPA ont fait leurs preuves dans des marchés établis, par des modélisations classiques (par la fixation de seuils de stocks minimaux et maximaux, par le déclenchement fixe de réapprovisionnements), pondération par une saisonnalité historisée, s’appliquant aux volumes incrémentés d’une évolution globale de marché, d’année en année. Mais cette méthode ne permet pas de surperformer ou de s’adapter rapidement à des événements exogènes soudains.

Alors que s'enchaînent les secousses planétaires, imprévisibles, liées à des événements tels que la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, l’envol des prix des matières premières, de l’énergie et des transports ou les aléas de climat, des surstocks comme des ruptures sont constatés quotidiennement. La pénurie de moutarde, cet été en France, en est un exemple du quotidien.

Ces fluctuations géopolitiques, climatiques et économiques affectent directement et massivement la valeur et le coût des stocks. Les doubles circuits d’approvisionnement, avec un circuit long pour les prix et un circuit court pour l’ajustement de la disponibilité, sont depuis plus de quinze ans une réponse relativement efficace. Toutefois, ils n’optimisent pas l’ensemble de la chaîne, et restent coûteux et moyennement flexibles.

 

… et nouveau monde

Mais le grand changement de paradigme consiste désormais à combiner l’ensemble de ces éléments d’informations, de prévisions directes et indirectes, et de travailler avec tous les acteurs de la chaîne en vue d’une optimisation de la disponibilité pour les  clients. La recherche de la création de valeur globale (à partager, bien évidemment) prime sur l’optimisation segmentaire. Les Digital Native Vertical Brands (DNVB) et le courant omnicanal en sont les exemples les plus visibles. 

Cela requiert des outils de pointe (des algorithmes d’analyse développés en interne ou achetés à des éditeurs spécialisés), capables de prédire les variations des actes d’achat clients, et donc d’adapter les niveaux de stocks au bon endroit aussi bien dans le temps court (quelques jours) que moyen (trois à six mois).

Cela implique aussi d’élargir le spectre des informations utilisées, en allant sourcer et mettre en perspective des signaux faibles, des tendances sociologiques, culturelles, géographiques, des corrélations fines entre des variations météorologiques ou saisonnières et des comportements de consommateurs, en s’intéressant à des micro-segments de marchés (notamment ceux qui réagissent fortement aux publications d’influenceurs).

La difficulté réside dans le fait de convaincre tous les acteurs d’une telle démarche, et la mesure de la création de valeur et de son partage en sont la meilleure réponse. 

 

Comment le mettre en œuvre ?

Les championnes de cette nouvelle approche se reconnaissent parmi les entreprises de retail ayant réussi leur transformation omnicanale, orientant les approvisionnements suivant la consommation locale, et ouvrant leur offre par les marketplaces, par exemple. Les sites e-commerce (DNVB) ont également créé de nouveaux modèles en passant des accords avec des industriels qui gèrent leurs stocks, la préparation des commandes comme les livraisons. Ces organisations doivent cependant être guidées par des prévisions très court terme doublées de tendances à 3 ou 6 mois.
Les gains, tant au niveau des stocks que des ventes et satisfaction client sont spectaculaires !

En parallèle, l’optimisation des marchandises passera de plus en plus par un partage en temps réel des informations entre les fabricants (avec leurs usines et leurs entrepôts), les prestataires logistiques et les distributeurs (avec leurs entrepôts et leurs magasins). La disponibilité et l’écoulement des produits s’améliorent alors mécaniquement et fortement, puisque chaque partie-prenante dispose à l’instant T des prévisions et du flux constaté de commandes clients !

Rendue possible par des algorithmes et des logiciels de pointe, cette optimisation réduit les pertes, améliore la « fraîcheur » du stock et le cash flow de tous les acteurs, à hauteur de millions d’euros ! Il serait dommage, et dommageable, que les entreprises se privent d’une telle spirale vertueuse.